Les postes vacants demeurent difficiles à pourvoir

 

Ils sont toujours plus nombreux et demeurent difficiles à pourvoir. Les postes vacants s’insèrent à la fois dans une dynamique de pénurie de main-d’oeuvre, de surqualification et d’inadéquation aux besoins exprimés.

 

Hélène Bégin, économiste principale au Mouvement Desjardins, a publié mercredi une petite étude de cinq pages proposant un regard sectoriel et régional sur le phénomène de pénurie de main-d’oeuvre. Un phénomène qui touche l’ensemble canadien, mais qui se veut plus accentué au Québec, où le bassin de travailleurs potentiels mesuré par la population âgée de 15 à 64 ans a cessé de croître en raison du vieillissement de la population. « Le nombre de postes vacants a grimpé en flèche et certaines régions affichent même la croissance la plus rapide parmi toutes les régions du Canada », ajoute l’économiste pour illustrer le contraste québécois. En fait, Statistique Canada indique que sept des dix régions économiques affichant les taux de croissance de postes vacants les plus élevés se retrouvent au Québec.

 

Phénomène canadien


Statistique Canada le disait aussi en janvier. L’augmentation touche l’ensemble des provinces, « une première depuis le début de la série en 2015 », la plus prononcée se mesurant au Québec, avec un gain de 35,5 % à 118 520 postes vacants sur les 551 000 que l’on dénombre à l’échelle canadienne. Pour sa part, le taux de postes vacants, qui se mesure sur la somme de tous les postes occupés et vacants, a bondi de 0,7 point à 3,2 % d’une année à l’autre pour afficher l’une des plus fortes progressions au Canada. Une réalité qui s’étend à l’ensemble des champs d’expertise, mais qui se veut concentrée dans les secteurs des soins de santé et de l’assistance sociale, des services d’hébergement et de restauration et de la fabrication.


120 000 postes

 

Hélène Bégin retient aussi que près de 120 000 postes étaient à pourvoir au Québec au troisième trimestre, soit presque le double d’il y a deux ans. Évidemment, la longue croissance économique a produit ses effets en stimulant le marché du travail et en abaissant le nombre de chômeurs. Un grand résultat : le taux de chômage québécois est tombé à 5,5 % l’an dernier, à son niveau le plus bas depuis le début des années 1960, sous celui de 5,6 % mesuré en Ontario. « Il s’agit d’une première depuis le début des statistiques annuelles en 1946 », écrit-elle.

 

Fin de la réjouissance. Au-delà de cette comparaison, l’Ontario bénéficie encore d’une structure d’âge favorable, alors que le Québec doit jongler avec un choc démographique et un solde migratoire défavorable. Restent la surqualification et l’inadéquation aux besoins exprimés. Statistique Canada soulignait que le niveau minimal de scolarité recherché pour 63,3 % des postes vacants était un diplôme d’études secondaires ou moins, alors que 12 % exigeaient un baccalauréat ou plus. De plus, près de la moitié des postes vacants nécessitent moins d’un an d’expérience. « Ce type de profil s’accompagne bien souvent de salaires relativement faibles et de peu de possibilités d’avancement », souligne Hélène Bégin.

 

Parmi les autres variables, il a déjà été écrit que, aux prises avec un problème criant d’analphabétisme, le Québec fait face à un déficit de littératie qui génère un enjeu d’employabilité. L’effet de ce déficit s’en trouve exacerbé dans un secteur manufacturier sensible aux contrecoups de la délocalisation, de l’automatisation et de l’intelligence artificielle. Le secteur manufacturier abrite, d’ailleurs, le besoin de main-d’oeuvre le plus ressenti (18 105), suivi de l’hébergement et la restauration (13 580), du commerce de détail (13 430) et des soins de santé (13 240).

 

Gains de productivité


S’ajoute à l’équation une carence quasi chronique en gains de productivité dans l’économie québécoise. En y répondant par l’automatisation, robotisation et intelligence artificielle provoqueront leur lot de chômeurs technologiques et exacerberont le problème criant d’employabilité, a déjà conclu une étude de l’Institut du Québec.

 

Reste la dimension géographique, qui ajoute un élément de disparité. « La population en âge de travailler diminue dans la plupart des régions du Québec, et davantage dans celles plus éloignées des principaux pôles urbains », résume Hélène Bégin. Selon le taux de postes vacants, le marché du travail se veut plus serré pour Chaudière-Appalaches, l’Abitibi-Témiscamingue, la Capitale-Nationale et la Montérégie.

 

À l’opposé, des régions comme l’Outaouais et l’agglomération montréalaise jouissent de tendances démographiques positives, bénéficiant d’un afflux de jeunes ménages s’y installant pour leurs études ou encore pour commencer leur carrière professionnelle. « Plusieurs proviennent des autres régions du Québec ou encore d’ailleurs au Canada, principalement de l’Ontario. » S’y greffe une concentration de l’arrivée des immigrants internationaux.

 

Source : Le Devoir

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